Vous allez être opéré(e) prochainement de la hanche, une prothèse totale vous a été proposée. Sans prétendre rendre compte de toutes les situations, parfois complexes, cette page se propose de répondre aux questions les plus souvent posées concernant l'intervention, ses risques les plus fréquents et ses complications. Votre cas personnel est peut-être différent des cas habituels auxquels se rapporte cette notice : votre chirurgien vous donnera alors des explications plus personnelles. Chaque année, le service de chirurgie orthopédique de l'Hôpital de la Croix Saint- Simon pose environ 2000 prothèses totales de hanche.
Voir aussi « Bien vivre avec une prothèse de hanche » : conseils pour la vie quotidienne aux personnes porteuses d'une prothèse de hanche.
Prothèse totale de hanche
Qu'est-ce qu'une prothèse totale de hanche ?
Une prothèse totale remplace votre articulation de hanche atteinte d’arthrose (perte du cartilage qui ne peut pas être reconstituée) ou de nécrose (mort du tissu osseux de la tête fémorale)
Elle est composée de deux pièces, emboîtées :
Une des pièces remplace la partie articulaire du bassin (cotyle).
L'autre remplace la tête du fémur, et comprend une tige qui est implantée dans le fémur, et une tête en acier inoxydable ou en céramique qui s'articule avec le cotyle.
Quel type de prothèse ?
Il existe de très nombreux modèles de prothèses, différents dans leur forme, leurs matériaux, certaines sont implantées sans « ciment » (terme employé qui désigne en fait une résine acrylique). Les modèles utilisés dans le service sont dérivés de modèles implantés depuis plus de 30 ans, donnant d'excellents résultats qui se maintiennent pendant de nombreuses années. C'est donc pour nous un gage de sécurité et de fiabilité, et font l'objet d'une surveillance continue, à chaque consultation de contrôle.
En général,, un cotyle non scellé avec une surface articulaire en céramique d'alumine sera être utilisé, si toutefois l'anatomie du bassin osseux en permet la fixation en toute sécurité. Les céramiques sont testées individuellement avant implantation, et ont été améliorées tout au long des dernières décennies, en faisant un matériau parfaitement fiable, notamment en ce qui concerne les risques de fracture qui ont surtout été rapportées pour d'autres types de céramiques (zircone, que nous n'utilisons pas). L'avantage indéniable théorique de ce type d'implant est son caractère quasi inusable.
Chez certain patients (age et/ou pathologie particulière), un cotyle non scellé avec une surface articulaire en polyéthylène et tête métallique dans un système a double mobilité sera utilisé afin d'éviter au maximum le risque de luxation de prothèse.
Quelque soit le type de cotyle utilisé, la pièce fémorale sera soit scellée avec une résine acrylique, ou implantée sans ciment si la qualité osseuse le permet, en particulier chez les patients les plus jeunes.
Quelle cicatrice ?
Il existe plusieurs façons d'aborder la hanche pour implanter une prothèse.
L'abord utilisé dans le service se situe à la partie haute de la cuisse, sur le devant, sur environ 10 à 12 centimètres. Le chirurgien passe ainsi entre les muscles, sans les couper, ni couper non plus d'os, sauf le col et la tête du fémur qui sont remplacés par la prothèse.
Cette voie d’abord est donc non invasive, elle permet une récupération fonctionnelle plus rapide et présente le moins de risque de luxation.
Quand faut-il opérer ?
Quelle que soit la raison pour laquelle vous souffrez de la hanche, il n'y a jamais d'intervention urgente. Il s'agit en effet d'une intervention lourde et non dénuée de complications qu'il faut donc prévenir par des précautions et des examens appropriés (même si les progrès de l'anesthésie et la grande habitude de cette opération en fait presque une intervention de routine, l’intervention durant en moyenne 45 minutes).
Quels bénéfices devriez-vous tirer d'une intervention ?
Quelque soit la cause de l'altération de l'articulation de la hanche (usure du cartilage ou arthrose, maladie rhumatismale, nécrose, séquelle post-traumatique ou d'une maladie de l'enfance), l'impotence est due à des douleurs d'intensité croissante, de localisations diverses (sur le devant de l'articulation ou au contraire externes ou fessières, dans la cuisse ou dans le genou), et un enraidissement qui peut devenir handicapant dans la vie de tous les jours, pour les soins de pied, s'asseoir, monter les escaliers..., et retentir à la longue sur les genoux et la colonne vertébrale.
Une prothèse totale de hanche, en remplaçant la partie abîmée de l'articulation, redonne de la souplesse, fait disparaître les douleurs dues à l'altération de la hanche, et peut améliorer la fonction des genoux et du dos. La plupart des personnes opérées, au bout de quelques mois, " oublient " même qu'ils sont porteurs d'une prothèse, mènent une vie normale et peuvent même reprendre des activités sportives. Une minorité cependant pourra ressentir sa présence de temps à autre, sans pour autant qu'elle constitue une gêne importante. Exceptionnellement, une prothèse sans défaut pourra rester douloureuse ou raide, sans cause précise.
Les examens pré opératoires
Outre ceux prescrits par l'anesthésiste, adaptés à votre état de santé, il est impératif de rechercher (par une, une radio des dents et une consultation chez votre dentiste) une infection que vous pourriez ne pas ressentir, afin de la traiter.
En effet, cette infection peut parfaitement se propager par voie sanguine à votre prothèse, même longtemps après l'intervention, avec de très graves conséquences.
Dans la mesure du possible, si votre état l'autorise et en fonction de votre masse sanguine qui sera évaluée en consultation d’anesthésie, il pourra être réalisé en préopératoire une augmentation de la masse sanguine par des injections d'EPO (Eprex )ou de fer quelques semaines avant l'intervention postopératoire qui vous évitera autant que possible d'être transfusé avec le sang de quelqu'un d'autre.
Mais le plus souvent, les patients ont suffisamment de globules rouges pour n'avoir besoin de rien, l'intervention étant relativement peu hémorragiques dans les cas simples.
L'hospitalisation
En règle générale, vous serez hospitalisé(e) la veille ou le jour même de l'intervention.
Une préparation cutanée sera réalisée, comprenant une dépilation (par tondeuse), et une douche avec un produit antiseptique, douche antiseptique qui sera renouvelée le matin même.
Pour plus d'information sue l'hospitalisation et les suites, vous pouvez consulter le livret "Vivre avec une prothèse totale de hanche"
La chirurgie mini invasive de hanche
Pour ne pas confondre chirurgie mini invasive et minicicatricielle
Ces dernières années, beaucoup de chirurgiens se sont intéressés à la chirurgie dite « mini invasive » pour les prothèses totales de hanche. Cette appellation regroupe en fait deux possibilités qui peuvent être associées, mais pas forcément, d’où une certaine ambiguïté d’ailleurs volontiers entretenue :
- la mini incision cutanée (mini open ou Mini Incision Surgery ou M.I.S.) qui ne porte que sur la cicatrice, qui est d’ailleurs la seule chose que vous verrez.
- la chirurgie mini invasive (Mini Invasive Surgery ou M.I.S.) qui se propose de faire un abord en profondeur moins « délabrant ». Cette technique se propose de respecter davantage le capital osseux ou musculaire et permettrait de diminuer le saignement péri-opératoire, les complications post-opératoires et permettre une récupération fonctionnelle plus rapide.
Quelles différences ?
Il existe donc une différence entre la mini incision cutanée que verra l’opéré et la voie d’abord utilisée en profondeur, invisible.
La vraie chirurgie mini invasive est celle qui respecte les éléments anatomiques profonds (muscles, tendons, os) et qui procure une visibilité suffisante pour mettre en place correctement et avec sécurité la prothèse, sans pour autant maltraiter la peau, par où viennent la quasi-totalité des infections.
Une opération par mini incision n’est une chirurgie mini invasive que si ces points sont strictement respectés.
Certains chirurgiens ont changé leur abord pour se plier à la « contrainte » de la petite cicatrice, quitte parfois à en faire deux différentes qui mises bout à bout excède la longueur d’une simple incision classique, certains y ont renoncé devant les difficultés rencontrées et les complications (fractures du fémur, paralysies sciatiques, lésions cutanées).
Dans la plupart des publications sur ce sujet, l’aspect esthétique (la longueur de la cicatrice) est mis en avant, le respect des éléments anatomiques profonds et les complications peu développés.
Des chemins multiples pour atteindre l’articulation
La hanche est une articulation profonde entourée de muscles épais. La mise en place de la prothèse nécessite donc de les « traverser ». De multiples chemins (voies d’abord) existent. Ils sont utilisés en fonction des habitudes le plus souvent, et parfois en fonction des particularités anatomique de la hanche de certains patients. Pour les résumer :
Les voies antérieures, et en particulier la voie de Hueter modifiée telle que nous la pratiquons, ne coupe aucun muscle et respecte rigoureusement l’anatomie péri-articulaire. C’est une technique difficile dont la courbe d’apprentissage est assez longue. Elle ne permet pas, dans notre expérience, d’opérer certaines hanches (raides, déjà opérées, mal formées, luxées...). Ses détracteurs lui opposent, ce qui est vrai, une visibilité réduite sur le fémur.
Les voies postérieures sectionnent tout ou partie des muscles postérieurs (pelvi-trochantériens). C’est la voie actuellement la plus utilisée dans le monde. Elle est simple, facile à apprendre, donnant un jour large sur l’articulation. Ses inconvénients sont la luxation et la mauvaise, voire l’absence, de cicatrisation des muscles coupés. La diminution de longueur de la cicatrice est sans autre intérêt qu’esthétique, puisque les muscles profonds doivent quand même être coupés, et la visibilité devient médiocre rendant selon nous plus risquée la pose de la prothèse.
Les voies externes sectionnent :
- soit le trochanter (trochantérotomies de diverses manières) pour épargner la musculature mais nécessitent un temps de consolidation osseuse qui dans un petit pourcentage ne se fera pas et pourra nécessiter une réintervention, et ne permettent pas une reprise de l’appui complet immédiat.
- soit les muscles petit fessier et vaste externe (voie de Hardinge ou apparentées) dont la cicatrisation reste difficile pour ne pas dire aléatoire.
Il est clair que quelque soit la longueur de la cicatrice cutanée, ce qui détermine le caractère invasif de la voie d’abord est bien ce qui se passe en profondeur et que considérer que la chirurgie est mini invasive parce que l’incision est inférieure à 7 cm est un leurre.
A ce titre, nous considérons que seules les voies antérieures pures que nous pratiquons méritent réellement le nom de voie mini invasive, et même de non-invasives.
La longueur de l’incision cutanée varie habituellement de 6 à 12 cm dans notre pratique, parfois un peu plus en fonction des difficultés prévisibles et de la masse corporelle. Il est aisé de la diminuer aux alentours de 6 ou 7 cm, ce que nous faisons régulièrement, mais une enquête interne sur une année auprès de patients opérés nous a montré que la longueur de l’incision était le paramètre qui les souciait le moins, voire pas du tout, dans ce type de chirurgie.
Conclusion
Nous pratiquons une chirurgie de la hanche non invasive depuis 1983 à la Croix Saint-Simon. La longueur de la cicatrice est pour nous seulement « esthétique » et peut-être réduite au minimum si le patient le souhaite, ce qui est une demande rare mais que nous pouvons satisfaire si les conditions s’y prêtent raisonnablement.
À LIRE !
Interview du Dr Marmor dans le Hors Série Géo spécial articulations (février 2022)