Lésions anales intra épithéliales (AIN)

Le but de cette fiche est vous expliquer brièvement une pathologie et ses principes de prise en charge. Elle ne se substitue pas à la consultation médicale qui seule permet une prise en charge adaptée à votre cas. Ceci est particulièrement vrai pour le dépistage et la prise en charge des lésions anales précancéreuses pour lesquelles il n’existe pas de consensus international. Cependant notre centre a développé depuis des années une expertise dans le domaine. 

A quoi correspondent les lésions anales intra épithéliales ?

Les lésions anales intra épithéliales sont des modifications des cellules de l’épithélium de l’anus et du canal anal causées par une infection par un papillomavirus humain (HPV).

  • Les lésions de bas grade (AIN 1 ou LSIL) sont des lésions qui n’affectent que le tiers profond de l’épaisseur de l’épithélium. Elles sont souvent associées aux condylomes et sont bénignes.
  • Les lésions de haut grade (AIN 2, AIN3 ou HSIL) affectent plus des deux tiers de l’épaisseur de l’épithélium. Ce ne sont pas des cancers, mais certaines lésions peuvent évoluer vers un cancer de l’anus. Ces lésions sont soit visibles à l’œil nu, soit détectées lors d’une anuscopie de haute résolution (AHR).

Infection anale par le papillomavirus humain (HPV)

Il existe de nombreuses familles de papillomavirus humain infectant les muqueuses génitales. Cette infection est extrêmement fréquente et l’infection est le plus souvent transitoire et passe inaperçue. Dans certains cas elle est à l’origine de lésions dites condylomateuses et dans d’autres de lésions intra épithéliales de haut grade. Même s’il est possible de mettre le virus en évidence sur un prélèvement anal et de connaître son type, cela ne modifie pour l’instant pas le traitement des lésions.

Il existe un vaccin protégeant efficacement contre les papillomavirus à l’origine de condylomes et de la plupart des cancers HPV induits. Celui-ci doit être idéalement administré avant le début de la vie sexuelle.

Dépistage

Un dépistage est une démarche de santé, s’adressant à une population a priori en bonne santé, n’ayant aucun symptôme, mais un risque particulièrement élevé de développer une maladie. Un dépistage vise à détecter une maladie à un stade précoce afin de la traiter rapidement et ainsi freiner ou stopper sa progression.

La présence de symptômes à type de saignement, douleur, perception d’une formation au niveau de l’anus doit conduire à un examen proctologique et ne s’inscrit pas dans une démarche de dépistage.

Certaines populations (hommes vivants avec le VIH, âgés de plus de 35 ans et ayant des relations sexuelles avec des hommes, femmes ayant des lésions similaires sur la vulve ou ayant un cancer vulvaire et femmes transplantées depuis plus de 10 ans) sont à plus haut risque de développer des lésions anales intra épithéliales de haut grade. Des données récentes ont fait proposer dans cette population à plus haut risque un dépistage dont les modalités peuvent associer un frottis pour cytologie anale ou recherche d’HPV, un  examen clinique proctologique et une anuscopie haute résolution en cas d’anomalie. Il appartiendra à votre médecin spécialiste d’organiser les étapes de ce dépistage si nécessaire.

Les femmes ayant un antécédent de lésion intra épithéliale de haut grade du col de l’utérus ou de conisation, toutes les personnes immunodéprimées ou vivant avec le VIH quelle que soit leur orientation sexuelle ont également un risque un peu plus élevé de développer des lésions anales intra épithéliales de haut grade , mais il n’existe pour ces personnes aucunes recommandations consensuelles de dépistage.

Le dépistage des lésions anales intra épithéliales de haut grade est différent du dépistage organisé du cancer colorectal qui se pratique entre 50 et 75 ans par la recherche de sang occulte dans les selles ou par coloscopie selon vos antécédents.

Frottis anal pour cytologie anale

Le frottis anal est réalisé avant l’examen clinique et avant l’utilisation d’un lubrifiant. Il est réalisé à l’aide d’un petit écouvillon introduit dans l’anus et retiré tout en frottant doucement les parois de l’anus. Les cellules retirées sont conservées dans une solution liquide adaptée jusqu’à l’arrivée au laboratoire où les cellules sont étalées sur une lame et colorées avant lecture au microscope. Les résultats du frottis sont exprimés selon une classification internationale commune aux frottis du col de l’utérus.

  • ASCUS : anomalies mineures de significations indéterminées
  • LSIL : anomalies de bas grade
  • HSIL : anomalies de haut grade
  • ASC-H : anomalies de significations indéterminées mais ne pouvant exclure une lésion de haut grade.

Les frottis HSIL et ASC-H sont très souvent témoins de la présence de lésion de haut grade et sont une indication forte d’anuscopie haute résolution qui permet bien souvent de localiser la ou les lésions de haut grade si elle(s) n’est ou ne sont pas visible(s) à l’œil nu.

Recherche de papillomavirus anal

La recherche d’un papillomavirus anal est possible sur un frottis anal réalisé avant l’examen clinique et avant l’utilisation d’un lubrifiant. Il est réalisé à l’aide d’un petit écouvillon introduit dans l’anus et retiré tout en frottant doucement les parois de l’anus. Les cellules retirées sont conservées dans une solution liquide adaptée jusqu’à l’arrivée au laboratoire où la recherche de virus est réalisée. Plusieurs techniques sont utilisées pour rechercher des groupes de virus ou un virus en particulier. Pour l’instant la recherche du type viral ne modifie pas le traitement des lésions.

Comment prend-on en charge les lésions anales intra épithéliales ?

La prise en charge de ces lésions n’est pas consensuelle.

Le traitement fait appel à des procédés de destruction chimique ou physiques voire une exérèse. 
Votre praticien vous proposera un traitement adapté à la taille, au nombre des lésions et à leur éventuel caractère récidivant.

La surveillance après traitement est primordiale du fait du caractère récidivant de ces lésions. Son rythme et ses modalités seront adaptées à votre cas.

En quoi consiste le traitement par destruction chimique ?

Il fait appel à l’application d’un médicament topique sous contrôle médical.

En quoi consiste le traitement par photocoagulation infrarouge ?

Ce traitement est réalisé en consultation ou au bloc opératoire sous anuscopie haute résolution (AHR). Il permet la destruction ciblée de petites lésions planes. Il est généralement bien toléré mais peut être suivi de douleur voire de saignements dans les jours qui suivent. Plusieurs séances peuvent être nécessaires et la surveillance après traitement est primordiale du fait du caractère récidivant des lésions.

En quoi consiste le traitement par électrocoagulation au bistouri électrique ?

Ce traitement est réalisé en consultation ou au bloc opératoire si nécessaire sous anuscopie haute résolution (AHR). Il permet la destruction ciblée de lésions y compris de grande taille. Il est généralement bien toléré mais peut être suivi de douleur voire de saignements dans les jours qui suivent. La surveillance après traitement est primordiale du fait du caractère récidivant des lésions.

Qu'est-ce qu'une exérèse ?

Ce traitement est réalisé en consultation ou au bloc opératoire selon la taille de la lésion. Il consiste à enlever toute la lésion et permet une analyse de la totalité de la lésion au microscope. La durée de cicatrisation dépend de la taille de la plaie et de donc de celle de la lésion. Même après une exérèse, la surveillance après traitement reste primordiale du fait du caractère récidivant des lésions.

Note d'information

Dans un souci permanent d’évaluer et améliorer nos pratiques et nos connaissances, nous pouvons être amenés à étudier de manière rétrospective, à des fins de recherche, les données cliniques et paracliniques figurant dans le dossier médical des patients pris en charge par les praticiens du service de proctologie.