Infection à Helicobacter Pylori

Historique

En 1982, J. R Warren et B. J.Marshall ont réalisé une grande découverte qui a été recompensée par le prix Nobel près de 20 ans plus tard (en 2005) : les ulcères gastriques sont liés à une bactérie et non au stress ou aux épices !

C’est depuis 1994 que les société savantes recommandent l’usage des antibiotiques pour traiter les ulcères gastro duodénaux.

Présentation de la bactérie Helicobacter Pylori

Cette bactérie, appelée Helicobacter Pylori en raison de sa structure hélicoïdale, est présente sur la surface de la muqueuse de l’estomac de 50% de la population mondiale.

Elle est un peu moins fréquente dans les pays industrialisés où le niveau d’hygiène est plus élevé (en France : 20% des sujets de 20 ans, 40% des sujets de 60 ans). Elle se transmet dans l’enfance par le biais de la salive.

Conséquences de l'infection à Helicobacter Pylori

La plupart du temps (85%), la présence (appelée portage) d’Helicobacter Pylori n’aura aucune conséquence sur la santé.  Chez 1 à  10% des personnes infectées il existera une gastrite (inflammation de l’estomac) ou un ulcère gastro-duodénal qui peut être responsable de douleurs de l’estomac ou de complications à type d’hémorragie digestive ou de perforation.

De manière beaucoup plus rare elle peut être responsable, parmi d’autres facteurs, de cancers ou lymphomes gastriques.  C’est pourquoi la bactérie doit être systématiquement recherchée en cas d’antécédent familial de cancer gastrique.

Méthodes diagnostiques

Il existe plusieurs manières de rechercher Helicobacter Pylori.

La bactérie peut être mise en évidence par l’examen au microscope de biopsies de la muqueuse gastrique qui sera réalisée lors d’une gastroscopie diagnostique. Le résultat est obtenu en 1 à 2 semaines et envoyé au médecin qui a prescrit l’examen et au gastroentérologue qui  l’a réalisé. L’avantage de cette méthode est de pouvoir examiner la muqueuse gastrique et diagnostiquer une gastrite ou un ulcère. Parfois les biopsies sont mises en culture afin de réaliser un antibiogramme. C’est notamment le cas si les traitements antibiotiques ont échoué à plusieurs reprises.

Par un prélèvement sanguin, une recherche des anticorps dirigés contre la bactérie (Sérologie) peut être réalisée. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle ne permet pas de savoir s’il s’agit d’une infection ancienne déjà guérie ou non. Mais cet examen peut être utile si les biopsies gastriques n’ont pas pu être réalisées.

Un autre examen, appelé test respiratoire à l’urée marquée 13C (nom commercial : HeliKit*) est très fiable. Il s’agit d’un liquide à acheter en pharmacie et à boire dans un laboratoire d’analyse médicale de ville. Ensuite l’air expiré par le patient est analysé. En fonction de sa composition on peut savoir si la bactérie est présente ou pas.  Pour que le test soit performant il faut le réaliser à distance de la prise des médicaments IPP (inhibiteurs de la pompe à protons, médicaments qui bloquent la sécrétion acide de l’estomac, comme l’omeprazole) et des antibiotiques. Cette méthode est surtout utilisée pour vérifier l’efficacité d’un traitement éradicateur de la bactérie.

Principes du traitement

Le traitement pour éradiquer la bactérie est en première intention un traitement antibiotique probabiliste. Cela veut dire qu’il s’appuie sur ce qui est actuellement connu de la bactérie et de ses résistances et qu’il ne nécessite pas d’avoir un antibiogramme.

Le traitement recommandé par les sociétés savantes consiste en une association d’antibiotiques. Actuellement nous disposons de deux possibilités : soit une trithérapie, soit une quadrithérapie bismuthée : 

  • Tri-thérapie : IPP et Metronidazole-Clarythromycine-Clamoxyl ; ou (option) 
  • Quadrithérapie bismuthée (Pylera*) : Metronidazole-tétracycline-citrate de bismuth-IPP 10 jours

 

*Ce traitement permet l’éradication de la bactérie chez 90% des patients.  Une partie des échecs du traitement est liée aux résistances aux antibiotiques, l’autre est due à une mauvaise prise des médicaments par le patient (soit par oubli soit du fait d’effets secondaires). En cas d’échec, le médecin pourra prescrire une autre ligne de traitement voire réaliser un nouveau prélèvement afin de réaliser l’antibiogramme de la bactérie.