Le but de cette fiche est vous expliquer brièvement une pathologie et ses principes de prise en charge. Elle ne se substitue pas à la consultation médicale qui seule permet une prise en charge adaptée à votre cas.
Qu'est-ce qu'un syndrome douloureux pelvien complexe ?
Un syndrome douloureux pelvien complexe (SDPC) concerne toute douleur pelvi-périnéale évoluant depuis plus de 6 mois sans cause retrouvée lors des examens ou persistant malgré le traitement de la cause.
En réalité, le SDPC correspond à une dysfonction globale de la région pelvi-périnéale pouvant impliquer à divers degrés les différents organes de cette zone, les nerfs, les muscles et les fascias. On parle ainsi de proctalgie, de vulvodynie, de cystalgie ou encore de prostatodynie. L’implication du système nerveux est souvent présente bien qu’elle ne réalise que rarement un tableau de réelle névralgie.
La douleur peut rester localisée ou parfois s’étendre « en tâche d’huile » dans la région pelvi-périnéale. C’est ce qu’on appelle le phénomène d’hypersensibilisation. Dans les douleurs d’évolution longue il est souvent compliqué pour le médecin comme pour le patient de savoir ce qui résulte de la douleur initiale et ce qui est secondaire dans le cadre de l’hypersensibilisation.
Le SDPC reste encore peu connu et mal compris. Précédant ce syndrome douloureux pelvien, une irritation locale chronique, traumatique, inflammatoire ou infectieuse à l’origine de douleurs modérés épisodiques et récurrentes peut être retrouvée, voire parfois, un épisode douloureux initial unique d’intensité très importante.
Un contexte migraineux, anxio-depressif, de stress post traumatique, ou de fibromyalgie sont parfois mais non systématiquement associés.
Quelle prise en charge et quel traitement du syndrome douloureux pelvien complexe ?
Chaque patient étant différent il n’existe pas de traitement universel qui serait toujours efficace. Une coopération entre le médecin et le patient est indispensable car il convient souvent tester un ou plusieurs traitements avant d’arriver à un certain degré d’efficacité, en débutant par les traitements les plus « simples » et présentant le moins d’effets secondaires. Les différents traitements sont parfois associés. La prise en charge peut sembler longue, mais l’amélioration puis la disparition de la douleur est le plus souvent possible.
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Règles hygiéno-diététiques
Les syndromes douloureux surviennent volontiers dans un contexte impliquant un mode de vie stressant, des troubles anxio-dépressifs, des troubles du sommeil, une consommation de toxique (alcool, tabac, drogues), de l’inactivité physique (ou à l’inverse trop importante) et des troubles nutritionnels (junk-food). La prise de conscience de ces facteurs de risque par le patient est impérative afin de reprendre un mode de vie plus sain.
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Traitement médicamenteux
Les antalgiques classiques sont habituellement peu ou pas efficaces.
Des anti-épileptiques et/ou des antidépresseurs sont parfois utilisés avec une certaine efficacité.
De nombreux autres médicaments, préparations, traitements locaux, relaxants musculaires sont également utilisés sans que de réelles études aient été menées. Leur utilisation est possible et guidée, au cas par cas, par la balance bénéfice-risque.
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Traitements « manuels »
La kinésithérapie surtout, mais aussi l’ostéopathie et l’acupuncture sont importants dans la prise en charge des SDPC. Ils permettent de prendre conscience de son corps, de lever d’éventuelles contractures musculaires et de corriger d’éventuelles dysfonctions mécaniques.
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Neurostimulation tibiale postérieure
Cette technique simple permet à l’aide de patchs cutanés de moduler la douleur grâce à un stimulus électrique non douloureux. Un appareil peut être loué en pharmacie avec une ordonnance dédiée.
D’autres types de neurostimulation plus invasifs avec parfois la nécessité d’implanter un appareil sous la peau sont possible en cas d’échec.
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Infiltrations
Des infiltrations d’anesthésiants locaux et/ou de corticoïdes sur certains nerfs et/ou muscles permettent parfois d’améliorer la compréhension du phénomène douloureux et d’améliorer la douleur souvent de manière transitoire. Elles permettent éventuellement de sélectionner les patients à qui une autre technique telle que la chirurgie, ou la radiofréquence peut être proposée.
Un essai clinique sur l’infiltration du nerf pudendal sous neurostimulation est actuellement en cours dans le service et peut être proposé.
Le SDPC reste encore peu connu et mal compris. La meilleure compréhension des causes et des phénomènes d’hypersensibilisation permettra surement dans le futur d’améliorer la prise en charge. Une coopération entre le médecin et le patient est indispensable afin d’essayer les multiples traitements existants. Même si ceux-ci sont parfois décevants et même si la prise en charge peut sembler longue, l’amélioration puis la disparition de la douleur est le plus souvent possible.
Note d’information
Dans un souci permanent d’évaluer et améliorer nos pratiques et nos connaissances, nous pouvons être amenés à étudier de manière rétrospective, à des fins de recherche, les données cliniques et paracliniques figurant dans le dossier médical des patients pris en charge par les praticiens du service de proctologie.